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Découvrez notre reportage : "Quand les agriculteurs deviennent énergiculteurs !"

Agriculture et production d'énergies

Dans le Finistère, un groupe d’agriculteurs est à l’origine d’un projet éolien mené de façon collective et participative à l’échelle du territoire.

Dans le Finistère, un groupe d’agriculteurs est à l’origine d’un projet éolien mené de façon collective et participative à l’échelle du territoire. Découvrez notre reportage : "Quand les agriculteurs deviennent énergiculteurs !"

Quand le collectif est source d’énergie

La société Energies Glazik a été créée en 2020 sous la présidence de Pascal Chaussec, éleveur laitier nouvellement retraité, pour développer un projet éolien dans le Finistère. Lancé en 2019, le projet est porté par plusieurs acteurs locaux : douze exploitants agricoles, des riverains, les communes d’Edern et de Briec, la communauté d’agglomération de Quimper et la région Bretagne.

Dans le Finistère, un groupe d’agriculteurs est à l’origine d’un projet éolien mené de façon collective et participative à l’échelle du territoire. Rencontre avec Pascal Chaussec qui en est l’une des chevilles ouvrières.

Pascal Chaussec vient de raccrocher son tablier en salle de traite. Si sa carrière de producteur laitier prend fin, celle d’énergiculteur est en phase ascendante. Installé dans les années 1980 sur la ferme familiale, Pascal commence sa carrière comme producteur de lait spécialisé. Il diversifie ensuite ses productions végétales pour dégager un complément de revenu sans augmenter la charge de travail.  

L’énergie de la biomasse

Au milieu des années 2000, la question des énergies renouvelables émerge. Pascal y voit une opportunité pour les agriculteurs. Il s’intéresse d’abord aux questions de biomasse : miscanthus, saule, bois de talus. Des réflexions émergent en CUMA (coopérative d’utilisation de matériel agricole) pour approvisionner des chaudières de collectivités territoriales en plaquettes de bois. Dans ce territoire très bocager du sud du Finistère, la ressource est là. Mais dans un contexte d’énergies fossiles encore bon marché, et sans soutien politique fort, les projets peinent à se concrétiser. 

Partager l’information et les expériences

C’est avec du photovoltaïque qu’il saute le pas en 2009, en installant une première centrale d’une puissance de 36 kWc. « La première installation est la plus dure à monter car il faut des convictions ». Surtout à cette époque, car personne n’avait de recul et les matériels étaient très chers. « On recherchait des avis tous azimuts. Des petits groupes travaillaient chacun dans leur coin, en lien avec les chambres d’agriculture. On a senti qu’il fallait mettre en place une structure pour partager les informations ». C’est ainsi que naît, en 2010, l’APEPHA, la structure des agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés. Elle se fixe pour objectif de sécuriser les projets grâce à une centralisation des informations techniques, administratives, juridiques, fiscales et un partage des expériences. Pascal en prend la présidence : "Le photovoltaïque, c’est simple dans le principe, compliqué dans le détail. Nous ne sommes en concurrence avec personne, on bouche les trous de la raquette en matière d’information grâce à un travail en réseau avec le plus grand nombre de partenaires et de compétences". Pascal est convaincu que le photovoltaïsme est complémentaire à l’activité agricole car elle demande du capital, mais pas de travail, avec un revenu récurrent et indexé pendant vingt ans. La première centrale photovoltaïque de Pascal se révèle très rentable, le retour sur investissement se fait en neuf ans au lieu des douze à quinze estimés. Il enchaîne en 2011 avec une deuxième centrale de 99 kWc. Encouragée par des tarifs d’achat de l’électricité très intéressants, la production photovoltaïque se développe rapidement, jusqu’au moratoire de 2010 qui suspend et modifie les conditions d’achat. Les tarifs chutent alors, mais le prix des installations également. En douze ans, le prix des panneaux photovoltaïques est divisé par huit. 

Cultiver avec moins de chimie et de pétrole

L’intérêt de Pascal pour les questions énergétiques l’amène à s’intéresser aux techniques culturales simplifiées pour « remplacer l’acier des outils par l’action des racines, l’azote chimique par l’apport des légumineuses et le pétrole par plus de photosynthèse ». Mais pas question de le faire seul car « l’expérience des autres nous évite de reproduire des erreurs déjà commises et nous aide à construire notre cohérence au fur et à mesure ». À partir de 2013, c’est au travers d’un Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE), intitulé « Apprendre à piloter l’activité biologique du sol et les cultures de manière économe », en partenariat avec la région Bretagne, que Pascal progresse. « Le partage de connaissances était passionnant, on basculait du monde basé sur la chimie au monde basé sur le vivant ». Les agriculteurs du groupe deviennent beaucoup plus efficaces avec beaucoup moins d’énergie. L’énergie, toujours elle. De fil en aiguille, une partie du groupe échafaude un projet collectif de méthanisation en injection directe sur le réseau de gaz tout proche. La complexité et l’investissement en temps nécessaire dissuadent la majorité du groupe d’aller plus loin. Mais le noyau continue à réfléchir et une nouvelle idée émerge en 2018 : un projet éolien comprenant 6 éoliennes de 45 m plutôt que de 80 m, pour une meilleure acceptation par le voisinage. Une multinationale les repère et leur fait une proposition. Le groupe demande à entrer au capital pour un partage de la valeur sur le territoire. La multinationale s’y oppose catégoriquement. Qu’à cela ne tienne, le groupe se débrouillera seul. La SAS Energies Glazik* est créée en 2020. Elle associe douze exploitations agricoles, un riverain et la commune d’Edern où se situe le site repéré. 

L’énergie du vent

Les études démarrent.
Sur ce projet qui devrait avoisiner les 8 à 9 millions d’euros, elles représentent à elles seules près de 200 000 euros, à engager avant le dépôt du permis de construire. À l’étude acoustique et celle des vents s’ajoutent des études  sur les chiroptères (chauves-souris), de zones humides, faunistiques et floristiques. Les associés souhaitent faire les choses le mieux possible pour les riverains. Pour une transparence maximale, ils organisent deux réunions publiques et positionnent les éoliennes à 400 m de toute habitation, soit 130 m au-delà de ce que la règlementation impose. Idem pour l’acoustique : les sonomètres sont positionnés chez les riverains les plus proches pour une mesure des nuisances potentiellement les plus fortes. 

Ce projet pilote intéresse. Si les membres fondateurs conservent 41 % du capital, de nouveaux partenaires y entrent : le syndicat départemental d’énergie du Finistère (via la SEM, 29,25 % du capital), la région Bretagne (via Breizh énergie, 25 %), la communauté d’agglomération de Quimper (6 %), une autre commune voisine (Briec, 2 %). Le projet se veut collectif et participatif. Une ouverture ultérieure du capital à d’autres citoyens est envisagée, à hauteur de 20 %. 
Le projet de longue haleine est aujourd’hui au stade « dérisqué » : le permis de construire a été accordé et les deux mois de recours sont échus. Il peut poursuivre son avancée, le mât de mesure des vents a rendu ses données. Un bureau d’études spécialisé commence l’analyse du gisement. D’ici début 2023 le business plan sera finalisé, le constructeur retenu (parmi les trois en lice) et la fabrication des éoliennes lancée. Elle prendra un an. En parallèle, se négocie avec Enedis le raccordement des machines à la borne source située à 7 km. La centrale devra être en fonctionnement au plus tard le 31 décembre 2024 si elle veut bénéficier d’un contrat d’achat S21, soit un tarif réglementé et indexé sur 20 ans de 7,4 cts/kWh. Au vu de la forte inflation des équipements (+30 % par éolienne, +2 millions d’euros pour le parc), l’État, dans son dernier arrêté tarifaire, accorde une souplesse au S21 : les producteurs peuvent, au cours des 18 premiers mois, vendre l’électricité sur le marché de gros, c’est à dire à un prix nettement supérieur. Mais pour finaliser son business plan, la SAS Energies Glazik compte bien étudier toutes les offres d’achat qui pourraient se présenter, de la part d’entreprises, de collectivités ou d’autres fournisseurs d’électricité. Car, depuis le lancement de la réflexion, le contexte énergétique a bien changé. Guerre Russie-Ukraine, lutte contre le réchauffement climatique, arrêt temporaire de la moitié du parc nucléaire français, tout concourt à une hausse du prix de l’énergie. Alors, comme aime à le répéter Pascal Chaussec, « le développement des énergies renouvelables a toutes les raisons d’avoir le vent en poupe » ! 

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https://www.cerfrance.fr/webtvs/paroles-dagriculteur-agriculture-et-production-denergies

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